Ces
textes ont été publiés par les éditions Memory Press dans un recueil
illustré par des membres du Club André Baillon, Liège (PRÉMICES - dépôt
légal : D/2004/8078/3 - ISBN : 2-87473-072-9). PRÉMICES Première partie : La Mort apprivoisée
Esquisse
Nos âmes sépulcrales en des soies encloses Nous font découvrir de bien exécrables choses Naviguant sous le large océan de nos rêves. Esquisse de Vérité, le Voile se lève... Et l'or de leurs corps Et l'or de leurs corps Conspuera la mort, Ignorant la beauté Enclose en l'Éternité ; Et l'or de leurs corps Narguera la mort Captive de la beauté Esclave de l'Éternité ; Et l'or de leurs corps Se rira de la mort, Écartelant la beauté, Se couvrant pour l'Éternité ; Et l'or de leurs corps Comprendra la mort Détruisant la beauté Errant depuis l'Éternité ; Et l'or de leurs corps Convaincra la mort Elle-même de la beauté Créée par l'Éternité. D'autres termes se cachent en l'or de leurs corps, Des mots qui persisteront jusqu'après la mort, Telles les déesses antiques, chantant la beauté De leurs amants en leur offrant l'Éternité. La Main des Temps Il marcha vers la mort, Abandonnant ses trésors. Seul, il avança ; Tout, autour de lui, s'effaça ; La dualité le quitta Et il compris que tout cela n'existait pas. Sa pureté rayonnait tel le diamant Qu'est l'étoile pour le firmament. Son chemin, alors blanchi de roses, Se déclama vers et non plus prose. Il fut, l'espace d'un instant, La Main des Temps. DES ROUTES ASTRALES Il chevauchait de blancs et célestes chevaux, Seul, insouciant des théodolites géants. Il évitait le chemin menant au désastre, Il connaissait la route divine des astres. La Vie coule tel le sinueux ruisseau Et ne conduit nullement au caveau béant. Le Génie deviendra-t-il le télamon D'une humanité ne sortant que du limon ? FOI Je sens comme l'ombre d'un regard Incident (fruit du destin et du hasard) Effleurer la blancheur de mon cou. Il ne reste plus que nous, Esprits d'un autre monde, D'une Terre sans onde, Réduits en un corps pulvérulent S'enfuyant au gré du vent. Nous, qui sommes l'expression de la Création, Abandonnons l'âme au Torrent. Inspiration : Le Soleil ne craignez point lorsqu'Il s'éteindra ; Dans les Ténèbres, la Foi vos pas guidera ! Aurais-je bu du Soma ? Aurais-je bu du Soma ? L'inspiration, en tout cas, Se puise au tréfonds du Moi... Je me sens d'une Grandeur Digne des Premières Heures, Approchant du Créateur... Je n'ai ma place ici-bas, Elle se trouve Au-Delà Même du Rêve et de la Foi... Mes Yeux ne vous voient pas grands, Sombres êtres méprisants, Quand j'entre en l'Esprit béant... Tout ce que je sais, je vois, Doit certes venir de là, Que j'aie bu du Soma... Continuité Le feu se nourrit du Feu, Les Eaux traitent tous les maux. La Violence ne se soigne que par elle-même, Le délire qu'en en allant au bout. Le Ciel retourne au Ciel, Et la Terre à la Terre. Le Paradis est Enfer, L'Enfer Paradis. Le Centre s'excentre Quand le milieu est envieux. La Fumée n'est que Poussière, La Poussière que Matière. Les Temps sont liés, Les Liens étroits. Deuxième partie : Songes et Prophéties Le cheminement d'un homme Un homme cheminait avec ses six enfants. Le temps passa et, au pied d'un châtaignier, Laissa son premier fils qui était indolent Dans une mesure qu'aucun ne put nier. Ensuite, ce fut au tour de ses quatre filles D'être enlevées par quatre vils garnements Qui surent par quelques phrases douces, gentilles, Vite faire oublier leur portion génitrice. Il clopina avec son dernier descendant, Gardant, à sa simple vue, une inspiratrice Foi, ainsi plusieurs années... Jusqu'au jour Où Route les mena droit à un carrefour : Là, les attendait le Sinistre Créancier, Qui prit pour gage la vie de son garçon. Il lui fut de plus en plus pénible d'aller Vers le destin que lui réservait le Démon. Quand il entendit les Appels, il se rendit Dans une vieille chapelle abandonnée... Il s'agenouilla et commença à prier : Elles durèrent trois jours pleins, ses litanies. Tout son être n'était plus qu'un déchirement. La courte ascèse, dont il n'était coutumier, Provoquait en lui les étranges sentiments Communs ; après cela, les hallucinations S'estompèrent, les Clefs de l'Invisibilité Brisèrent et son Cœur, et son Âme, et sa Raison... La pluie d'Or, elle, n'était pas irréelle (Il y a plus en son Corps que le sensoriel) ; Elle l'enveloppait d'une nuée dense. Mais il ne voulut pas songer aux conséquences Quand en le Royaume de la Mort il entra. De soi-même, nul ne peut pénétrer là-bas ! OUT OF THIS WORLD Je vis totalement en dehors de ce monde, Où la conscience n'est plus du tout féconde ; Plus on se rapproche de la Vérité, et Plus on s'éloigne du reste, la Société... Je ne serai pas de ceux à qui l'on fera Dire que le niveau de bonheur est croissance Inversement liée au taux de connaissance. L'Universalité un jour triomphera... Qui suis-je ? Qui suis-je ? Un chercheur de bonheur ; Que cherché-je ? La Vérité ; Qu'est la Vérité ? Le bonheur ; Qu'est le bonheur ? Félicité... Qu'est Félicité ? La voie de la sagesse ; Qu'est la sagesse ? Tendre à la béatitude ; Qu'est béatitude ? Ce que sage caresse ; Qui est sage ? C'est une question d'altitude... CŒUR "Credo quia absurdum est !", Résonne le vent venant de l'Est. Pourquoi cet homme qui ne fut qu'un triste hère Me dit-il donc : "Je ne sais où aller, que faire ?" "Votre vie n'est pas ici !", Entonne le vent blanc du Midi. Vous tous, qui vivez dans un pitoyable monde, Incrustez en vos chants : "Dieu, la Terre est féconde !" "Cela n'est pas vrai, je proteste !", Frissonne le pâle vent d'Ouest. Apprenez enfin : "Personne n'aide personne !", C'est la réponse du Berger qui nous raisonne. "Mais la Vie demande efforts !", Nous assaisonne le vent du Nord. Contente-toi d'aller où ton cœur te porte, Joie et Espérance vers nirvana t'emportent ! "Vois donc cet esprit qui se nimbe !", Fredonne l'austère vent des Limbes. Ne sois point de ceux répandant des hypocrites Le culte, tes actions, au Livre sont transcrites ! Licornes Depuis la Nuit des Temps, Nous errons, tristes amants, Sur de mystérieux Chemins. Serons-nous assez sages, demain, Comme le furent jadis les licornes Que les adultes aujourd'hui écornent ? Ne soyons point de ceux qui ôteront la Vie, La Rose, qui sommeille et fleurit en Paradis ! On ne peut, de l'Écrivain, les secrets Percer : "Ce qui est écrit est." L'Aile de la Plénitude La source de bonheur est en Vous ! Filez vers elle, annulez vos rendez-vous ! Comme certains, ne vous arrêtez point de creuser Parce que ce que vous voyez vous paraît insensé ! La source de bonheur est en Vous ! Plongez en elle, devenez enfin fous ! N'éprouvez donc nulle crainte de cet univers, Puisqu'il n'était pas vôtre, ce paysage d'hiver ! Ce que l'ANGE me dit Je ne suis qu'un Ange, Je ne suis sur Terre Que pour élever de la fange Ton âme délétère vers l'Éther. Le Marteau de THOR J'ai vu la Pieuvre étendre ses huit bras fangeux Sur un Monde qui ne méritait guère mieux. Dans la grande Mer, j'ai vu les boules de Feu S'abattre comme le foudre de Jupiter. Je les ai vu fuir, les Démons de la Terre. TALISMAN Ô Vous, les Très-Grands, Écartez de moi Ces Yeux malveillants, Souverains et Rois. Que la collusion Par la consomption Au loin les entraîne Des divines plaines. Que s'ouvre sous eux L'Enfer et ses feux ; Que brûle leur âme Pour n'être pas flamme. Troisième partie : Les Inaccessibles TEMPS Qui est comme le ciel, Qui est comme le miel Qui entre tes doigts coule Si ce n'est le temps qui s'écoule ? Qui sont comme le gel, Qui sont comme le fiel Qui en ton corps s'écoule Si ce ne sont les temps qui coulent ? L'ESSENCE d'une vie Les Rêves brisés d'un enfant Par la seule volonté de ses parents... Il s'agenouilla et recueillit, Entre ses doigts usés et flétris Par l'âge, l'essence d'une vie Qu'il n'a pas vécue. Envie De vengeance ? Il est trop tard Pour toi, sinistre vieillard... À lui seul incombe la faute... Il le sait... Alors il saute... Ton insondable stupidité Est mère de ta méchanceté. PHANTASME désespéré du ROMANTIQUE Solitaire C'est de moi que vous rêvez Lorsque vos yeux sont clos ; C'est à moi que vous pensez Quand votre cœur est au repos. Parmi les larmes Parmi les larmes des Cieux, Parmi les larmes des Dieux, Se trouvent deux Perles d'Or Ouvrant les Portes du Royaume de la Mort. Création de l'Éden Le Soleil irisa de ses fades reflets Le long fleuve et donna à la verte vallée Gracieuse allure d'un jardin d'Éternité. PASTORALE Ensemble on fondit la bergère et le poète... De leur union de bronze naquit Cupidon, Lui qui fit battre tant de cœurs à l'unisson. Rien que pour tes yeux Si ce que tu fais est beau à tes yeux Alors les cris monstrueux des envieux Ne parviendront plus à tes oreilles, Et s'éloignera le Superficiel. PURGATOIRE J'ai tant brûlé mes yeux pour abreuver ma rétine famélique que mon âme s'est purgée en sa totalité des lourdes icônes du passé. |